Sommets, conférences, forums… Pourquoi l’Afrique fait-elle courir le monde ?

3 août 2014

Sommets, conférences, forums… Pourquoi l’Afrique fait-elle courir le monde ?

Les rencontres multilatérales entre les grandes puissances et les Etats africains se sont multipliées ces dernières années. Comme semble l’illustrer le sommet Etats-Unis-Afrique qui s’est ouvert ce 4 août 2014 à Washington, le continent est définitivement revenu au-devant de la scène.

Paul Biya en France
Le président Paul Biya est de toutes les rencontres multilatérales malgré sa casquette de « dictateur » (c)prc.cm

Paul Biya a quitté le Cameroun ce samedi, 2 août 2014. Direction, l’Amérique du Nord. Il fait partie des 47 chefs d’Etat et de gouvernement africains présents à Washington DC pour l’«United States-Africa Leaders Summit». Dès le 4 août, ils ont eu trois jours de discussions avec Barack Obama. L’agenda de la rencontre est connu au moins depuis la tournée africaine du président américain en juin 2013. Il est question de commerce et d’investissement. Si on s’en tient aux chiffres non officiels glanés sur Internet 85 milliards de dollars US sont échangés chaque année entre le pays de l’Oncle Sam et l’Afrique. Le président Obama doit aussi réaffirmer à ses partenaires africains qu’il reste attaché aux idéaux de démocratie et de sécurité. Autour de ces points principaux graviteront des problématiques secondaires sur lesquels le gouvernement américain dit avoir reçu des doléances d’associations et de groupes de pression africains. Difficile de penser que la question des droits de la communauté LGBT – Lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels – ne va pas être évoquée d’ici mercredi. Dans la tradition occidentale, le sommet Etats-Unis-Afrique ne s’imagine donc pas sans pression sur la question des «droits de l’homme».

Le programme du sommet de Washington promet d’être dense. Cependant il reste constant que les Etats-Unis sont la dernière grande puissance à avoir ritualisé les rencontres multilatérales avec l’Afrique. Peut-être parce que la part du continent africain dans le commerce mondial ne représente pas plus de 3 % des échanges. Le constat est cependant que les Américains ont attendu 40 ans après le premier sommet France-Afrique pour se lancer dans l’arène. Les autorités françaises ont quant à elles réussi à ritualiser et à élargir ces rencontres au-delà du traditionnel pré-carré constitué d’anciens territoires colonisés. Le succès même de ces rencontres et le contenu des discussions au fil des ans ont motivé les critiques contre ces sommets où la France fait la pluie et le beau temps. Il serait le site institutionnel de la Françafrique et du néocolonialisme.

Les affaires d’abord

Le sommet Europe-Afrique se présente au contraire comme un cadre plus pertinent de discussions où une région parle à une autre d’égale à égale. Théoriquement. De plus, lorsqu’on parle de sécurité et de la situation en République centrafricaine, la France est la première à reconnaître qu’elle ne peut plus aujourd’hui être le seul gendarme de l’Afrique. On assiste à l’effacement des Etats tandis qu’une grande place de plus en plus importante est laissée aux institutions. Lors du dernier sommet UE/Afrique, l’Union africaine et l’Union européenne sont par exemple arrivées à un accord sur l’envoi des troupes européennes de maintien de la paix en RCA.

Les Occidentaux ne sont pourtant pas les seuls à prendre rendez-vous avec l’Afrique sur une base régulière. La Chine, l’Inde, le Japon, le monde arabe, la Turquie, l’Amérique latine ont d’ores et déjà montré leur intérêt pour le continent en aménageant des plateformes de discussions avec ses représentants. L’un des précurseurs des rencontres sur le développement en Afrique est le Japon. Lors du dernier sommet de la Conférence de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), les autorités nippones ont promis de multiplier par cinq l’enveloppe de leur aide au développement. Objectif ne pas se laisser distancer par la Chine.

Cette dernière prépare la sixième édition de son Forum de coopération avec l’Afrique pour 2015. Ici, exit la politique. On se rappelle encore du premier sommet Afrique-Amérique latine de 2006 où Kadhafi et Hugo Chavez prônaient le rapprochement économique et militaire entre les deux régions forgées par l’idéal révolutionnaire contre l’impérialisme. Depuis deux autres rencontres ont eu lieu dont la dernière à Malabo en Guinée équatoriale. Autant dire que dans cette nouvelle ruée vers l’Afrique, les Etats-Unis qui disent vouloir «investir dans la prochaine génération» des leaders africains accusent un sacré retard.

 

 

Étiquettes
Partagez

Commentaires

Yanik
Répondre

129 ans après la conférence de Berlin, la vision sur l’Afrique n’a pas évolué. Le continent est encore et toujours envisagé comme un terrain ou s’affrontent les jeux d’influences des puissances de ce monde. Au 19ème siècle, le partage s’effectuait par des découpes territoriales, aujourd’hui on ne cherche plus des kilomètres carrés mais des parts de marchés. Le but reste le même, s’accaparer les richesses de pays souvent bien trop vulnérables pour imposer des conditions acceptables.

William Bayiha
Répondre

Je pense pareil Yanik. Cela dit il reste que cela dénote un retour progressif de l'Afrique devant la scène internationale après la double décennie 1980-2000 où le continent n'était vu que sous l'angle de la famine en Ethiopie et de la sécheresse dans le Sahel. Merci pour ton commentaire.

Dany Gowsee
Répondre

Avec ce qui se passe dans le monde actuellement, l’Afrique deviendra inévitablement the prochain marché émergent sur la scène internationale...Voici un article intéressant publié sur mon blog qui fera sans aucun doute honneur à l'Afrique : https://blog.lexpressproperty.com/2013/10/lile-maurice-porte-dentree-vers-lafrique_24.html

William Bayiha
Répondre

Merci pour le partage Dany.