La Boko Haram’isation de la société camerounaise en marche

12 août 2015

La Boko Haram’isation de la société camerounaise en marche

Les forces de défense et de sécurité jouent un rôle cardinal de protection des biens et de la personne du citoyen dans le contexte d’insécurité actuel. Une position que des responsables politiques tentent de manipuler avec plus ou moins de succès.

Cavaye
Le président de l’Assemblée nationale accuse son ex-garde du corps d' »actes de terrorisme ».

L’affaire qui oppose le président de l’Assemblée nationale Cavaye Yeguie Djibril à son garde du corps a tout d’un cas d’école de la tendance actuelle à tout assimiler, à tort ou à raison, aux actions terroristes de Boko Haram. Le capitaine Bouba Simala, dont les charges ont été requalifiées par le tribunal militaire en menaces simples, outrage à corps constitué et violation de consigne, a été accusé par la troisième personnalité de la République d’actes de terrorisme. Une manière peu élégante d’écarter un confident devenu encombrant, soutiennent des proches du capitaine déchu qui doit en tout cas répondre de ses actes supposés devant le juge militaire.

La Boko Haram’isation qui peut se définir comme des accusations proférées contre une personne ou un groupe de personnes d’être des agents du terrorisme possède une caractéristique principale : elle ne s’appuie sur aucun élément de preuve.

Et l’étendue du phénomène est importante et complexe.

Il est en effet difficile d’établir la frontière exacte entre les mesures légitimes de sécurité et la mise à l’index gratuite de personnes avec pour unique objectif de résoudre rapidement un différend personnel avec les moyens de l’Etat en toute bonne conscience.

Les tentatives de jeter le bébé avec l’eau du bain se sont multipliées avec l’émergence de la méthode lâche des attentats-suicides opérés à Maroua et à Fotokol pendant le mois de juillet dernier. Les autorités municipales et administratives de Yaoundé ont lancé l’opération ville-propre dont les cibles-principales sont les enfants de la rue dont la situation n’a pas pu être régularisée pendant les dernières décennies. Il en est de même des récalcitrants de tout ordre dont les actions sont en priorité assimilées aux menées subversives des terroristes.

Au chapitre de la gestion de la chose publique, la Boko Haram’isation est en train de s’imposer comme une arme utilisée par des responsables malhonnêtes. Les prestataires de services et autres créanciers qui se montrent pressants pour que leurs factures soient réglées au plus vite se trouvent interdits de pénétrer dans l’enceinte de certaines administrations. On les soupçonnerait de lien avec les terroristes. Une accusation grave peut-être, mais qu’importe ? Le Cameroun c’est le Cameroun. Et ce n’est sans doute pas Boko Haram qui va y changer quelque chose.

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Commentaires

kaptue florian
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cette article est similaire à l'éditoriale de jacques dolbel dans le journal le messager de ce matin. c'est une grosse honte pour l'éternel président de l'assemblée nationale camerounaise , il est le seul à ne pas voir qu'on ne veut plus de lui, ailleurs on le contraindrait à la démission.

William Bayiha
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Ceci est vrai pour Cavaye Yeguie mais il n'est pas le seul. La Boko Haram'isation concerne presque toutes les strates de la société. Mon objectif est de tirer la sonnette d'alarme pour que l'exigence de sécurité ne soit pas privatisée en transformée en abus de pouvoir.

kaptue florian
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Monsieur le président de l'assemblée nationale le peuple au nom duquel vous exercer demande des explication, d'être plus explicite et d'apporter des preuves , le peuple a le pouvoir de te sanctionner et ce n'est pas parce que vous êtes PAN que vous êtes au dessus de la loi. vous devez demander par voix de médias et apporter votre mea-culpa et demander des excuses publiques. vous rever, nous sommes ven democratie. pour le centre culturel soeur marie roumy le promoteur florian kaptue