Discussions de taxi : pourquoi les Camerounais enterrent leurs morts le weekend ?

Article : Discussions de taxi : pourquoi les Camerounais enterrent leurs morts le weekend ?
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31 mai 2013

Discussions de taxi : pourquoi les Camerounais enterrent leurs morts le weekend ?

Dans les villes camerounaises, les journées de jeudi et de vendredi sont réservées aux mises en bière, aux «départs pour le village». Une tradition qui nourrit la conversation.

C'était dans un taxi tel que celui-ci. (c) camer.be
C’était dans un taxi tel que celui-ci. (c) camer.be

Premièrement, ces deux jours correspondent au début du weekend. A partir de jeudi soir, les agendas commencent à se décharger dans les administrations, les services et mêmes dans certaines sociétés industrielles. Il y a donc de fortes chances qu’un grand nombre de personnes soit disposé à assister aux cérémonies rituelles qui entourent le deuil. Si la mise en bière se passe jeudi après-midi, ceci signifie que la famille qui réside en général en ville veut organisée une veillée funèbre «avec corps» pour les personnes qui ne pourront pas se déplacer au village. Question de permettre au mort de recevoir l’au revoir de ses amis de la ville. Vendredi, il est prévu un départ pour le village. Comme dans le cas de la famille dont nous parlerons tout à l’heure, le cadavre est accompagné vers sa dernière demeure avec une logistique particulièrement importante. Chaises, bâches, victuailles, groupes électrogènes, orchestres et bien sûr une somme importante d’argent.

«De l’argent, et si quelqu’un n’a pas l’argent qu’il faut pour organiser le deuil ?», s’étonne encore la dame qui feint d’ignorer le fond de la question. «Ah, mais tu ne sais pas que le mort produit lui-même son propre argent  ?» Explications. L’homme raconte qu’il a une de ses connaissances qui est décédée récemment  parce qu’il n’avait pas reçu à temps des soins dont le montant s’élevait à 50 000 francs.  Personne n’avait de la somme dans son entourage immédiat. Mais à l’instant même où sa mort a été annoncée, 35 000 francs ont été déboursés séance tenante pour la mise de son corps à la morgue. Et puis le reste a suivi : cercueil, costume et le weekend de l’enterrement avec son fameux cocktail.

L’histoire se déroule dans un taxi de Yaoundé. Alors que le véhicule longe paisiblement ce vendredi 31 mai 2013 la rue qui relie le Secrétariat d’État à la défense (Sed) et l’École militaire interarmées de défense (Emia), nous apercevons un attroupement de personnes toutes vêtues du même tissu blanc. Tout ce beau monde passablement pressé tente d’embarquer avec grand-peine quelques dizaines de chaises en plastique à l’arrière d’un pick-up déjà bien entamé. Un portrait imposant est adossé sur un poteau électrique tandis que d’une petite berline japonaise, on peut découvrir une partie d’un cercueil.

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