À propos des informations qui n’informent plus !

21 mai 2017

À propos des informations qui n’informent plus !

J’en avais déjà l’idée, mais c’est par un des plus purs hasards que j’ai trouvé le prétexte de ce billet. Il faut toujours un prétexte, semble-t-il.

Ce matin, après une éternité sans y aller, je suis retourné sur Twitter. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai jamais été un utilisateur effréné de ce réseau social en particulier. Encore que je ne sois pas définitivement un fana des réseaux sociaux tout court.

Je me suis donc retrouvé sur Twitter et je me suis mis à parcourir le fil d’actualité. Une futilité par-ci. Un conseil bien placé par-là. une photo sur la Fête de l’Unité nationale du Cameroun qui joue les prolongations après les célébrations d’hier, un article de rfi.fr… Bref du classique.

C’est donc en revisitant les classiques que je suis tombé sur une information qui avait l’air d’être importante. Postée par L’Obs en ce dimanche matin, elle est nécessairement de la plus haute importance. Il faut comprendre, L’Obs, anciennement Le Nouvel Observateur, est un pilier de la presse magazine française. Peu importe si sa diffusion annuelle a baissé de 13 % en 2015, selon Wikipédia. Cela reste un fleuron.

Que diable nous annonce-t-on via un tweet signé L’Obs ? Eh bien c’est que la Corée du Sud se « tient prête » après un nouveau tir de missile nord-coréen… Et vous allez voir ce que vous allez voir, semblent souligner les guillemets !

Voilà donc le fait, la nouvelle, l’information. Il faut bien se résoudre à se dire que ces trois mots ressortent de la même signification aujourd’hui !

Parlons sérieusement. Qu’y a-t-il de bien nouveau dans l’information que nous assène L’Obs, qui reprend sans doute l’Agence France Presse ou une autre agence mondiale qui cultive le même sérieux ?

Sans sortir de Twitter et avec la volonté avouée de faire le moins d’efforts possibles, j’ai identifié une autre « information » du même type, sur le même sujet qui datait du 13 mai. Soit huit jours auparavant. Un lecteur beaucoup plus perspicace et patient pourrait trouver des centaines d’autres occurrences sur le même fait, avec les mêmes éléments de langage et la même fausse gravité.

 

Questions

Et la Corée du Nord n’est qu’un marronnier parmi tant d’autres. Famine et sécheresse en Somalie, migrants morts en méditérannée, la récession au Zimbabwe, bourdes plus ou moins vérifiées de Donald Trump, attentats non revendiqués de Boko Haram au nord-est du Nigeria, des Shebab en Somalie ou des Taliban en Afghanistan… La presse s’abreuve de ces informations qui tournent en boucle et qui n’informent plus ou très peu.

À quoi sert-il de revenir chaque jour sur des bilans toujours semblables des explosions à Maiduguri sans jamais savoir les détails des faits, sans jamais illustrer la détresse des familles, pointer les fausses annonces et alerter sur les manipulations de toutes sortes qu’implique la répétition stérile des faits ?

À qui profite ces cafouillages et ces bégaiements ? Est-ce aux journalistes et aux patrons de presse qui pêchent par paresse, pour les premiers, et par avarice pour les seconds ? Est-ce aux sources proches des milieux humanitaires toujours promptes à donner les détails sur les enfants qui meurent de faim et à demander sans sourciller des enveloppes pour alimenter leur budget ? Est-ce aux lecteurs-auditeurs-téléspectateurs-internautes qui trouvent là matière à alimenter leur curiosité et à se construire une conception fidèle de la réalité du monde ?

J’en suis venu à me demander si les gens de L’Obs – et pas seulement – se disent qu’ils continuent à informer avec de telles « informations ». J’ai brièvement pensé qu’ils n’y pensaient pas, puis qu’ils y pensaient et qu’ils n’en avaient rien à faire. Et puis je me suis regardé moi-même ! Difficile de se moquer quand on se rend compte qu’on marche soi-même de travers, qu’on se noie soi-même dans le même océan de médiocrité. J’ai rangé le petit sourire narquois qui commençait à poindre sur mon visage.

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